Le LZ
55 fut immédiatement destiné pour bombarder le Sud et
l'Est de l'Europe. Il effectua ainsi trois vols avec succes contre Dünaburg,
Minsk et l'embouchure de la Riga, larguant du même coup près
de 10 600 kg de bombes.
Il partit
le 31 janvier 1916 contre Salonique (aujourd'hui Thessalonique) en Grèce
où il lacha 2000 kg de bombes. Il resta ainsi 18 heures dans
les airs et parcouru 1500 km.
Toutefois,
l'expédition suivante contre Salonique le conduisit à
sa perte. Il fut ainsi abattu le 5 mai 1916 par le corps expéditionnaire
français et l'armée britannique. Voici
le récit de la catastrophe par Jean du Plessis (futur commandant
du Dixmude) alors seulement marin (extrait de La vie héroique
de Jean du Plessis paru chez Plon en 1932):
"Nous
avons eu une nuit très interessante [le 5 mai 1916]. Un zeppelin
est venu au-dessus de Salonique. Il a été immédiatement
pris dans nos faisceaux et il a dû être tellement aveuglé,
qu'il n'a même pas pu lancer une seule bombe. Il a passé
juste au dessus du Bruix [le navire sur lequel J. Du Plessis étaot
embarqué]. Il a été canoné avec une violence
inouïe. A un moment donné, il s'est pris à dégringoler.
Il a réussi à reprendre un peu d'altitude at à
s'éloigner. Mais nos projecteurs l'ont suivi. Il donnait de plus
en plus d'inclinaison. Finalement, il est allé tomber dans les
marais du Vardar. Un monitor anglais, en faction au barrage de Salonique,
a ouvert le feu sur lui et a dû le toucher. En tout cas, il a
pris feu, illuminant d'une flamme énorme toute la rade. Toute
la ville a retenti de formidables hourras. La nuit était sans
lune, admirablement calme et belle. Le bombardement m'a intéressé
au plus haut point. Je n'avais jamais vu d'obus incendiaires."